jeudi 25 juin 2020

PERIL SUR LA VILLE (Journal le Monde)

 

« Péril sur la ville » : à Marseille, un quartier populaire en voie de disparition

« Péril sur la ville », documentaire de Philippe Pujol sur le quartier de la butte Bellevue, à Marseille (3e arrondissement).

Philippe Pujol, prix Albert-Londres 2014, filme un été dans l’un des faubourgs les plus pauvres de France, où l’entraide et le lien social sont forts.
Par Publié hier à 20h00
ARTE - MERCREDI 24 JUIN À 22 H 50 -DOCUMENTAIRE
Troisième arrondissement de Marseille, quartier Saint-Mauront, à la lisière de celui de la Belle-de-Mai. La rue du Jet-d’Eau porte bien son nom : pour se soulager des chaleurs écrasantes, les habitants y ouvrent parfois les bouches à incendie.

 Kader, Elisabeth et ses petits-enfants Louis et Daniel, Emilia, le père Vincent, madame Tabet, Zineb, Nour, Annie ou Maria habitent ici, dans l’un des quartiers classés parmi les plus pauvres de France
 (rapport de l’observatoire des inégalités, juin 2019).

 « Dans les années 60, c’était le paradis, explique Maria, ancienne du quartier. Maintenant, on est dans la merde. Excusez-moi, mais j’en peux plus. »

 Kader a bien quarante ans de moins, mais apporte de l’eau à son moulin : « J’étais en prison dans une cellule, c’était mieux que ce que les gens vivent [ici]. »

Logements insalubres et vétustes

Propreté, insécurité, réhabilitation du quartier, marchands de sommeil…, les problèmes relevés par le CIQ s’empilent. Surtout, la plupart des commerces ont disparu et les logements sont devenus insalubres et vétustes, comme en témoigne l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne en novembre 2018, faisant huit morts.

Un projet de voie à double sens, imaginé par la Mairie pour désengorger la butte Bellevue, n’a pas la faveur des habitants, qui craignent de voir leur quartier-village rayé de la carte et remplacé par des grandes avenues et des tours, pour le bonheur des promoteurs immobiliers. « Ces projets d’aménagements, on les fait avec vous », s’efforce de convaincre la Maire de Secteur du 3e arrondissement.

 En face, des habitants sceptiques l’interrogent sur son pouvoir réel de décision.





 Philippe Pujol, journaliste à La Marseillaise – et prix Albert-Londres 2014 pour une série d’article sur les « quartiers shit » de la ville –, fait le temps d’un été, sans narrateur, le portrait de ce lieu à travers ceux qui l’habitent, discutent, dansent ou rappent sur ses trottoirs, arrivent de l’étranger – des Comores, du Maghreb ou du Cap-Vert – pour former ce que Kader appelle la « cosmopolitanie », s’entraident et rêvent de réussite en dépit du chômage et de la pauvreté.
 « On nous a abandonnés », s’indigne Mme Tabet.
 
De rencontres en rencontres, le film révèle les solidarités qui engendrent le lien social autant que les moments et les espaces de création d’un quartier bien vivant.

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