(article publié sur La Provence de ce matin)
"Jets de peinture, lacrymo... des élus ont été vivement pris à partie hier soir par la mouvance anarchiste
Le débat public d'hier soir devait être le "point final" de la série de réunions de concertation sur la création d'un parc Porte d'Aix.
Document Euroméditerranée
Une réunion tendue, voire, allez, "un peu chaude", ça, les élus et l'équipe d'Euroméditerranée présents hier soir à la fac Saint-Charles pour débattre avec les Marseillais de la création d'un parc à la Porte d'Aix s'y étaient tous préparés. Certainement pas à devoir quitter la salle sous les cris et les insultes, ou, pour certains, recouverts de peinture jaune ! Ainsi agressée par une jeune femme, l'élue UMP à la Sécurité Caroline Pozmentier ripostait par une gifle avant qu'en catastrophe, le staff d'Euroméditerranée ne les sépare, sous les regards médusés des élus et du public.
Notre confrère de LCM voyait pour sa part sa caméra brisée, le tout dans des relents de gaz lacrymogène. Hier soir l'amphi Peres, c'était un surréaliste K.O. à OK Corral. "Nous voilà beaux", soupirait en quittant la salle une dame, désolée, de voir ce débat très attendu ainsi "confisqué". 3000 personnes, des riverains principalement, avaient en effet pris part aux précédentes phases de la concertation. L'assemblée d'hier devait en être le point final. Mais, dès les premières minutes, la réunion partait dans le mur.
Stratégiquement installés dans les gradins, une dizaine de jeunes, identifiés un peu plus tard comme appartenant à la mouvance anarchiste, s'employaient à phagocyter les échanges : "Y a pas de débat, tout est déjà décidé, votre concertation c'est du bidon", lançait l'un. "Vous voulez mettre les pauvres et les Arabes dehors", enchaînait un autre. "Et les SDF, hein, ils iront où les SDF ?" En bas, à la tribune, François Jalinot, directeur de l'établissement public Euroméditerranée, son président Guy Teissier, celui de la Communauté urbaine, le PS Eugène Caselli, les maires de secteur PS Lisette Narducci et Patrick Mennucci ainsi que les adjointes UMP Laure-Agnès Caradec et Caroline Pozmentier voyaient la réunion leur échapper.
Certains tentaient bien de ramener l'ordre -en vain. "Vous n'êtes pas intéressés par l'avenir de Marseille, vous êtes des perturbateurs", grondait Patrick Mennucci, qui avait déjà fait les frais d'un tel chahut lors d'une récente réunion sur la sécurité aux abords de La Canebière. Médusé, écoeuré, le public, s'y mettait aussi, timidement : "Mais qu'est-ce que c'est que cette foire ?", s'énervait ainsi Claude Tabet, présidente du CIQ de Saint-Mauront. Peine perdue.
À 18h30, soit une heure après le début de cette réunion avortée, les élus décidaient d'un commun accord de lever le camp. "À partir du moment où l'on ne peut pas débattre, je ne vois pas l'intérêt de rester", indiquait en aparté Guy Teissier. C'est à ce moment qu'une jeune femme se jetait sur le rang des élus et les aspergeait copieusement de peinture jaune. Eugène Caselli était accablé, et presque muet : "C'est déplorable", lâchait-il avant de quitter la salle. À 19h, l'adjointe Caroline Pozmentier déposait plainte au commissariat à la suite de son agression."
Delphine TANGUY