jeudi 5 septembre 2024

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Benoît Payan veut regrouper les troupes municipales à la caserne du Muy

Actualité
le 5 Sep 2024
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La municipalité prévoit d'installer un hôtel de ville bis dans le grand bâtiment de la Belle de Mai. L'idée est de rationaliser l'organisation des services municipaux tout en trouvant une nouvelle vocation à cet immeuble toujours propriété du ministère des Armées.

La caserne du Muy est toujours propriété du ministère des Armées, même si elle n
La caserne du Muy est toujours propriété du ministère des Armées, même si elle n'a plus de vocation militaire. (Photo : Julien Vinzent)

Le bâtiment porte le nom générique de caserne, même si le U majestueux du Muy est loin de l’image classique des immeubles râblés, fonctionnels et souvent moches qu’on associe d’emblée à l’architecture militaire, surtout quand elle est destinée à loger les troufions. Demain, le bâtiment du Second Empire pourrait être le giron d’un nouvel hôtel de ville, en complément du “château” qui, depuis plusieurs siècles, symbolise le pouvoir municipal sur le bord du Lacydon.

Dans le cadre d’une visite de presse sur le thème de la rénovation des écoles, le maire de Marseille Benoît Payan a lâché sa petite bombe immobilière en descendant du bus, en arrivant à la Belle de Mai, comme La Provence l’a raconté. “Mon projet, ce serait d’y mettre la mairie, déclare l’édile à un quarteron de journalistes qui l’accompagnent. On peut ramener de l’activité dans ce quartier en même temps que le tramway, en y accueillant des milliers d’agents.”

Hôtel de ville bis

Fruit de l’histoire municipale du siècle dernier, les services de la mairie sont éclatés dans une multitude de sites, parfois très éloignés les uns des autres, dans des locaux parfois vétustes ou simplement obsolètes. “Je n’ai pas un directeur général adjoint dans le même bâtiment, soupire encore Payan avant de résumer brutalement : il n’y a pas d’hôtel de ville en fait.”

En réalité, l’hypothèse municipale ne consiste pas à faire déménager le bureau du maire dans son propre canton à la Belle de Mai. Il s’agit plutôt d’y installer le directeur général de services et une partie des grandes directions générales. C’est le conseiller municipal délégué à l’urbanisme, Éric Méry, qui planche sur le sujet dans le cadre du schéma directeur immobilier. “C’est un des grands sujets structurants sur lesquels on travaille quasiment depuis notre arrivée, explique l’élu. Nous allons le mettre en œuvre sur dix ans et l’aménagement de la caserne du Muy ne sera sans doute pas la première opération dans ce cadre.”

Nous travaillons sur plusieurs hypothèses, détaille Éric Méry. Il y en a une première sur le bâtiment lui-même et une autre qui prend en compte un périmètre plus large, en prenant appui sur d’autres biens qui sont propriétés municipales, à proximité immédiate.” C’est le cas de la caserne Busserade qui accueillait jusque-là une école provisoire et qui doit servir de site tiroir, dans le cadre de la rénovation de l’école Ahmed-Litim qui fait face au Muy. Par ailleurs, la Ville possède également les anciens entrepôts rénovés des archives municipales et du pôle média de la Belle de Mai, qui doit aussi évoluer.

Regrouper les services

Le choix n’est pas non plus arrêté sur les services qui pourraient effectuer leur grande migration vers la Belle de Mai. Éric Méry évoque la possibilité d’y installer les élus, en complément ou en remplacement du pavillon Daviel, à proximité de l’hôtel de ville actuel. “Le service des finances est éclaté sur trois sites distincts. C’est également le cas d’un service très transversal comme la communication, pointe-t-il. Le déménagement des Finances de la rue Montgrand nous permettra de le vendre pour y faire du logement, dans un secteur qui en manque cruellement.”

Plus largement, le schéma directeur doit permettre de rationaliser le fonctionnement des services à l’échelle de la Ville. “Nous louons par exemple un étage entier de la tour La Marseillaise pour les relations internationales, illustre l’élu à l’urbanisme. On est lié par un bail de huit ans à l’issue duquel il y a de fortes chances que l’on déménage. Quand j’ai posé la question de la raison d’un tel choix d’implantation, on m’a répondu que c’était pour que nos invités étrangers aient une vue sur mer.” Le choix de la tour dessinée par Jean Nouvel était intervenu pour accueillir une partie des structures accueillies à la Villa Valmer que Jean-Claude Gaudin avait souhaité voir transformer en hôtel de luxe.

D’autant plus que le bâtiment est toujours propriété du ministère des Armées, avec qui les discussions sont ouvertes depuis des années, avec la Ville comme avec la métropole, notamment à travers le projet Quartiers libres dont la caserne devait être le projet amiral. Présent sur place au côté du maire, le préfet de région, Christophe Mirmand, confirme effectivement que “le ministère des Armées est très attentif au projet pour déterminer une valorisation“. Une première estimation a été soumise à la Ville qui doit encore être retravaillée, souffle-t-on du côté de la mairie.

Un projet sur dix ans

Pour l’heure, l’aile Sud et une partie de la cour d’honneur accueillent les services du ministère de la Justice et la salle d’audience des procès “hors normes” jusqu’en 2027 au moins. “La convention avec le ministère de la Justice va devoir être prolongée, compte tenu des délais de réalisation de la future cité judiciaire“, précise d’ailleurs le représentant de l’État. Le projet de déménagement doit également se coordonner avec l’arrivée du tramway, boulevard National, et son raccordement à la ligne 2 qui passe par le boulevard Longchamp. Enfin, une large partie du bâtiment est restée inoccupée depuis le départ effectif des militaires en 2012. D’importants travaux sont donc à prévoir.

Le quartier tout entier va connaître un vrai bouleversement avec la réalisation de la nouvelle gare souterraine de Saint-Charles et la démolition d’une large partie du tunnel National, tout proche. Il reste donc du temps pour affiner le projet municipal. Le temps, peut-être, de laisser une chance au projet imaginé par Yes We Camp, la fondation Abbé-Pierre et des associations du secteur d’installer un tiers-lieu, au moins provisoire ? “Pourquoi pas, évacue Éric Méry. Ce n’est pas moi qui suis ce projet.” Après des premières discussions au printemps avec la Ville et la préfecture, les porteurs du projet espéraient un feu vert d’ici à la fin de l’année.

En ouvrant le lieu aux habitants et aux pratiques collectives, ça amorce l’identité d’intérêt général. Ça rend le lieu connu et désirable, défend Nicolas Détrie. Le directeur de Yes We Camp trouve le projet d’hôtel de ville particulièrement “compatible avec [leur] projet intercalaire“. “L’idée est d’avoir des services municipaux et publics dès la phase transitoire.” En espérant donc que l’annonce du jour soit un signal positif pour eux.

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