Rongé par l’insalubrité et le trafic, le Gyptis vit ses derniers jours

REPORTAGE
par Coralie Bonnefoy & Benoît Gilles
le 28 Fév 2023
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Cette ancienne résidence étudiante de 260 studios est promise à une évacuation prochaine. Ses derniers habitants, qui dénoncent l'abandon dont il sont victimes, vivent dans un environnement particulièrement sordide.

Un arrêté municipal, en date du 16 février 2023, a décidé de l'évacuation de cette copropriété très dégradée de la rue Cristofol (3e). (Photo C.By.)

Cheveux noirs et pyjama rouge foncé, le nourrisson dort à poings fermés, entouré de gros coussins colorés. Le bébé de deux mois fait sa sieste matinale sur le lit de sa mère. Sommier et matelas ont été tirés vers le centre de la pièce à vivre, pour ne pas être en contact avec le mur. À quelques dizaines de centimètres de la tête du nouveau-né, la cloison gorgée d’humidité croûte. Le plâtre et l’enduit sont tombés, laissant les briques orangées à nu. Au 8e étage de l’immeuble Gyptis I, Samia* vit dans cet appartement insalubre depuis mai 2021. La jeune maman contemple d’un air désolé ce studio qu’elle partage avec ses deux enfants : “C’est horrible de vivre ici, oui. Mais je n’ai pas le choix.”

Comme l’ensemble des habitants de cette résidence située rue Cristofol (3e), Samia devra bientôt quitter ce logement. Le 16 février dernier, la mairie de Marseille a pris un arrêté d’évacuation qui décide qu’il y a lieu “dans un délai de deux semaines, d’évacuer et interdire l’occupation de l’immeuble, de faire couper les fluides et d’assurer une fermeture sécurisée de l’immeuble.”

POINT DE DEAL ET FILTRAGE À L’ENTRÉE

Cet arrêté est l’ultime épisode dans la longue descente aux enfers de cet édifice qui rassemble quelque 260 studios originellement voués à l’accueil des étudiants. Depuis deux ans, les décisions préfectorales et municipales pour constater l’insalubrité des parties communes et ordonner des travaux d’urgence s’empilent. Sans que la copropriété ne réussisse à s’en relever. Sans, surtout, que le quotidien de ses habitants n’en soit allégé. Les derniers résidents, qu’ils disposent d’un bail en bonne et due forme ou qu’ils squattent, doivent composer avec l’état extrêmement dégradé du bâti et la présence d’un point de deal qui filtre, par la seule porte de l’édifice, toute entrée dans l’immeuble.

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