jeudi 8 avril 2010

"Marseille : pas de terrain pour les Roms"

La Provence

Publié le jeudi 08 avril 2010 à 08H22

Après l'échec du projet d'un site d'accueil aux Aygalades, la préfecture veut intégrer des familles par le logement.

Plus que jamais, les Roms sont condamnés à l'errance.

Il n'y aura pas, pour le moment du moins, de site d'accueil pour les Roms à Marseille. Le dossier a été enterré en préfecture. On se souvient qu'en octobre dernier, l'idée d'installer ce "village d'intégration" aux Aygalades (15e ), sur le site de l'ancienne caserne de gendarmerie de la Guillermy avait soulevé le tollé de la maire de secteur (PS) Samia Ghali.

"J'assumerai l'impopularité de cette décision" affirmait à l'époque Christophe Reynaud, secrétaire général adjoint de préfecture… qui, face aux protestations des riverains, a dû se rendre à l'évidence : "On ne peut pas prendre le risque d'attiser les sentiment de rejet de la population à l'égard des Roms".

Officiellement pourtant, l'État est toujours en demande d'un autre terrain. Un courrier en ce sens a été envoyé au maire de Marseille, au président du Conseil général et à celui de la Communauté urbaine ; la lettre est partie en novembre dernier. Christophe Reynaud attend toujours une réponse.… Ou plutôt, il n'attend plus. En charge de la question Roms depuis un an, le haut fonctionnaire est conscient de "l'urgence à faire bouger les choses". Le principe du village d'intégration qu'il voulait créer en accord avec les collectivités locales, les associations (Médecins du Monde, Rencontres Tsiganes, Fondation Abbé Pierre, Ampil) était de "mettre le pied à l'étrier à des familles Roms qui ont le désir et la capacité de s'intégrer". Des dispositifs similaires, avec scolarisation des enfants, accompagnement social et gardiennage du site fonctionnent déjà à Nantes, Lyon et Aubervilliers.

Mais à Marseille, si les collectivités et élus de secteur s'accordent sur le principe, personne ne se bouscule au portillon pour prendre à bras-le-corps ce dossier politiquement épineux…

Loyers cautionnés

Aussi, la préfecture a-t-elle décidé de changer son fusil d'épaule: "Puisque nous n'avons pas de terrain pour regrouper ces familles, nous allons essayer de les loger dans le diffus", poursuit Christophe Reynaud. En liaison avec l'Ampil, des contacts ont déjà été pris avec des bailleurs privés. "Au départ, les propriétaires bénéficieront d'un loyer cautionné par l'État dans le cadre de l'Allocation logement temporaire (ALT), qui pourra être transformée en bail privé une fois que les familles seront stabilisées". Une dizaine de foyers, soit une soixantaine de personnes, sélectionnées en liaison avec les associations et suivies par elles devraient être concernées. Les parents devront notamment s'engager dans des démarches pour un travail légal, et veiller à la scolarisation assidue de leurs enfants.

Christophe Reynaud est clair : "Nous ne voulons pas créer un appel d'air, ce dispositif n'a pas vocation à s'étendre à l'ensemble des Roms". Bien au contraire. Car cet effort humanitaire devrait s'accompagner d'un durcissement à l'égard de la majorité des migrants. "Le suivi sanitaire de cette population restera assuré, mais des mesures plus coercitives en matière d'expulsion et de reconduite à la frontière seront appliquées", indique la préfecture des BdR, qui reste toutefois soumise au statut bancal des Roms dans l'Union européenne.

Quant au logement des familles susceptibles d'être intégrées, Christophe Reynaudcompte bien faire appel aux bailleurs sociaux. Avec l'espoir que, cette fois, les collectivités, qui participent à la gestion des HLM, lui donnent promptement une réponse...

__(Photos : Claude Tabet : Squat Bld de Plombières)

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C'est leur journée

C'est le 8 avril 1971 que les Roms ont choisi leur drapeau et leur hymne. Date commémorée par la journée internationale des Roms. Ce peuple nomade, qui appartient à la famille des tziganes, est originaire de l'Inde et d'Égypte. Il gagne la Perse vers l'an 1000, puis les Balkans au XIVe siècle avant de se disperser à travers l'Europe. Victimes de la politique raciale des nazis, 250 000 à 500000 Roms seront déportés et tués sur les 700000 qui vivaient en Europe (époque du "Samudaripen", "meurtre total" en langue Romani).

7 à 9 millions de Roms vivent en Europe.



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