jeudi 1 juin 2023

Marsactu (journal) extrait ...

 

La Ville et la métropole s’écharpent autour de l’évacuation d’une décharge sauvage à Arenc

ACTUALITÉ
le 1 Juin 2023
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Ce mercredi la métropole a entrepris le déblaiement de 300 tonnes d'ordures (déchets du BTP, pneus...) entassées sur la voie du chemin de la Madrague-Ville. Une opération qu'elle compte facturer à la Ville de Marseille. Cette dernière conteste.

300 tonnes de déchets abandonnés sur la voie, chemin de la Madrague-Ville. Photo : E.d'A

Chemin de la Madrague-Ville, périmètre EuroMed, quasiment sous la passerelle de l’autoroute. Une pelleteuse fait des allers-retours au centre d’une allée entourée d’une colline de déchets. Pneus, ferraille, tôles, pare-brises, plastiques, bouts de bois, tuyaux, gravats, linges, matelas… déposés sur un terre-plein et tout autour de la route où passent les riverains, les vélos, les voitures et les bus. Ils devront continuer à faire le tour pendant les trois prochains jours, le temps de l’opération de nettoyage. Un peu plus de 300 tonnes de déchets attendent d’être ramassés et acheminés vers la déchetterie. “On fait des opérations comme ça toutes les trois semaines. Et ça revient très vite”, déplore le major Boillot, chef du commissariat du 15e, chargé de la surveillance de l’opération. Il s’agit selon lui de la quinzième opération de déblaiement depuis septembre 2022.

“Ça décharge continuellement, poursuit-il. Ce sont des garages indélicats qui déposent leurs vieux pneus, mais aussi des entreprises du bâtiment, des chantiers…” Une façon pour ces entrepreneurs de ne pas s’acquitter des frais à payer en déchetterie. Le major explique avoir lui-même alerté pour que la voie soit dégagée après un incendie mettant en danger les riverains dimanche dernier. Ce mercredi, une entreprise de collecte, Derichebourg, envoyée par la métropole, s’occupe de dégager le terrain.

QUI PAIERA LA FACTURE ?

Au milieu des déchets, on peine à comprendre à qui incombe la responsabilité de nettoyer cette zone. À la mairie ? À la métropole ? Se basant sur une lecture différente du code de l’Environnement, les deux parties se renvoient la responsabilité, dans un partage des tâches comme toujours flou : la Ville est chargée de ramasser encombrants, gravats et ordures industrielles, la métropole les ordures ménagères. Ici, les déchets sont un amoncellement du tout. La Ville soutient que c’est à la métropole de dégager la voirie.

De son côté, la métropole s’en charge, certes, mais compte bien envoyer la facture, de plus de 200 000 euros, à la Ville. “Ce n’est pas normal que ça soit notre institution qui prenne cette opération à sa charge. On fait ce qu’il faut, mais on en a marre”, s’énerve ainsi Jean-Yves Sayag, conseiller métropolitain (DVD) chargé de l’hygiène et des décharges sauvages.

La mairie, en la personne de Christine Juste, adjointe chargée de l’environnement (EELV), demande pour sa part à la métropole de faire son travail : “c’est de la voirie, c’est à eux de s’en occuper”. L’élue réclame, outre le nettoyage, que l’institution métropolitaine se mette à jour sur la liste des garages qui sont “réglos avec leurs déchets” et travaille sur la traçabilité pour remonter vers les jeteurs sauvages. À défaut, Christine Juste explique être en train, avec la police municipale, d’analyser les contenus des sacs-poubelles remplis de papiers administratifs pour remonter identifier les entreprises ou particuliers responsables. Certains viendraient de Pointe-Rouge, à l’autre bout de la ville.

UNE “GUÉGUERRE” POLITIQUE

Le major Boillot, s’attelant à faire la circulation pendant le ramassage, déclare avoir demandé un arrêté municipal interdisant le dépôt sauvage chemin de Madrague-Ville depuis avril 2022, afin de pouvoir “procéder à des actions de plus grande envergure, et de prendre les gens en flagrant délit”, via des caméras sur le site. Interrogée, Christine Juste se dit “circonspecte”. Elle affirme que des caméras sont bel et bien présentes. Elles auraient permis selon l’adjointe l’interpellation et la saisie de deux véhicules depuis le 4 mai dernier.

L’élue écologiste voit un coup de comm’ dans cette “guéguerre” autour de la décharge. “On est entrés en période électorale. C’est un peu tôt, je trouve”, déplore-t-elle, avant de s’agacer : “Qu’on me prouve que la métropole demande de payer dans toutes les autres villes, et pas juste à notre municipalité”. Jean-Yves Sayag balaie ces accusations : “Les Marseillais s’en foutent que ce soit Vassal ou Payan qui nettoie. Ils veulent juste que ce soit propre. Et ils ont raison”.

Une fois la rue libérée, la Ville annonce qu’elle installera des plots afin de réduire la largeur de la voie pour empêcher les bennes de passer. Une solution qui ne devrait pas donner lieu à des interprétations divergentes du code de l’Environnement entre les deux institutions, pour une fois.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cette débile est aux détriment des contribuable marseillais la métropole n assume pas et le match en ville et métropole est inadmissible