La Provence - (Publié le jeudi 27 août 2009 à 09H48)
Source d'exaspération et de violence, les bruits de voisinage exaspèrent les Phocéens
Lors des "Forums Sécurité" organisés cette année dans les 16 arrondissements par le ministère de l'Intérieur, le tapage nocturne et les problèmes de voisinage ont occupé tous les débats. Preuve qu'aucun quartier n'est épargné.
Photo Cyril Sollier
Le bruit et la fureur. C'est le titre du feuilleton de l'été. Ce"reality show" tient en éveil les habitants de la cité Consolat (15e ). Car chaque épisode, diffusé aux environs de minuit, apporte son lot de rebondissements. Et son flot de décibels: elle et Lui qui se disputent. Elle qui sanglote à la fenêtre. Elle et ses copines sur le balcon qui refont le monde jusqu'à l'aube… Avec la canicule qui oblige à ouvrir grand les fenêtres, le tapage nocturne devient un véritable fléau urbain.
Du voisin alcoolique à la mégère hystérique, des rodéos de quads aux fêtes techno dans la villa mitoyenne, les nuits d'été virent au cauchemar. Dans les résidences où les cloisons sont en carton, on vit carrément en concubinage avec le voisin. Avec les scènes de ménage qui en découlent inévitablement. Lundi dernier par exemple, au Bd Giniez (14 e ), on s'est battu avec des… bocaux de confiture lancés de balcon à balcon. Avant d'en venir aux coups de matraque… Lors des "Forums Sécurité" organisés cette année dans tous les arrondissements par le ministère de l'Intérieur, le tapage nocturne et les problèmes de voisinage ont occupé tous les débats.
"Aucun quartier n'est épargné, c'est une calamité", confirme Monique Cordier, présidente de la Confédération des CIQ. Qui redoute le pire: "Le bruit rend fou. Un jour où l'autre, un voisin exaspéré sort une arme. C'est un climat très malsain, qui génère la violence. Les gens sont excédés mais souvent n'osent pas se plaindre, terrorisés par la peur de représailles".
Mais que peut-on faire au juste? En théorie, les victimes disposent d'un impressionnant arsenal juridique. le Code pénal, et depuis 2006, le Code de la santé publique, répriment d'une amende de 3e catégorie (450€) toute personne qui trouble la tranquillité d'autrui entre le coucher et le lever du soleil (en principe 22h-7h).
Les aboiements de chiens, les fêtes familiales, les travaux de réparation, les bruits de climatiseurs et même les jeux bruyants sont visés. Le matériel utilisé pour commettre l'infraction peut même être confisqué sur le champ. Seul problème… Par qui faire constater la nuisance? Appeler le 17? Depuis le début de l'année à Marseille, plus de 7000 plaintes pour tapage nocturne (et 1200 pour tapage diurne) sont parvenues à Police Secours (plus de 30 par jour!), soit 7% des appels au 17. Pour quel résultat? Sur toute l'année 2008, la police n'a effectué que 280 interventions et dressé 71 malheureux PV.
"Entre un vol à main armée et un problème de bruit, nous donnons évidemment la priorité au vol", admet le commissaire Gasperini, du service sécurité proximité (SSP). Et inutile de compter sur les policiers municipaux: ils ne travaillent plus après 20 heures. Seule solution pour retrouver le sommeil, acheter des boules Quiès. Ou déménager en bord de mer.
Paradoxalement, c'est dans les quartiers réputés animés que l'on peut espérer dormir tranquille. Au grand désespoir des touristes et des établissements de nuit, soumis à de lourdes sanctions s'ils ne respectent pas les normes acoustiques, la loi du silence règne sur la Corniche ou à l'Escale Borely.