Pour Euroméditerranée 2, l’aménageur public ne prévoit qu’un collège privé
14 000 logements doivent être construits sur le périmètre d'aménagement d'Euroméditerranée 2, au nord de Bougainville, à Marseille. La nécessité d'y créer un collège est posée de longue date. Mais celui-ci sera finalement jésuite et privé. Laissant peu d'alternatives aux futurs collégiens du secteur.
“Toutes les classes de sixième sont pleines, celles de quatrième aussi, on a refusé du monde.” Au collège Joséphine-Baker (3e), nouveau nom du collège Versailles, la capacité d’accueil est déjà à rude épreuve. Ce constat chiffré du principal, à l’occasion de la visite de rentrée de la présidente du département Martine Vassal, se veut cependant positif. “Aujourd’hui, on veut venir à Versailles”, notamment pour sa section internationale américaine, se félicite en retour le recteur Bernard Beigner, après en avoir pointé le “piteux état” pendant les 15 ans où la rénovation était attendue.
L’établissement, dont la reconstruction sera achevée avant la fin de l’année avec la livraison du plateau sportif, n’est pas le seul du secteur à approcher la saturation. Comme lui, le collège Jean-Claude-Izzo, ouvert en 2005 à la Joliette, a dû se délester pour cette rentrée d’une partie de son secteur au profit du collège Vieux-Port.
Mais c’est plus au nord, sur le périmètre d’aménagement Euroméditerranée 2 que le manque se fait le plus sentir. Au sortir du CM2, les élèves de la cité Félix-Pyat, à 700 mètres du collège Versailles, doivent doubler leur trajet pour aller jusqu’à Rosa-Parks. Pour les enfants des Crottes, ou plus spécifiquement des nouveaux quartiers Smartseille et Les Fabriques, ce collège pourrait faire office d’offre de proximité. Mais sa saturation oblige à se reporter sur Arthur-Rimbaud, trois kilomètres plus au nord, à la Calade. À vol d’oiseau. Car le bus 36 chemine lui sur 4,5 kilomètres pour y parvenir. “Nous pointons depuis très longtemps que cette zone de la ville, qui est une des plus pauvres, est une des plus sous-dotées en établissements scolaires. C’est aussi vrai en termes de lycée puisque les élèves d’Izzo à la Joliette vont à Saint-Exupéry”, dans le 15e, commente Caroline Chevé, secrétaire départementale de la FSU.
UN PROJET PUBLIC DEVENU PRIVÉ
Cette situation n’est pas inconnue de l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée, dont le programme va décupler la demande avec 14 000 logements supplémentaires et 30 000 habitants prévus dans le périmètre. “Il n’existe pas actuellement de collège dans le périmètre de l’opération “extension”. Il est donc indispensable de prévoir un tel équipement du fait de la saturation des collèges situés au nord et au sud du périmètre”, lit-on dans le dossier en ce moment soumis à enquête publique.
Assez tôt, un terrain est identifié autour de la rue Cazemajou pour accueillir l’établissement. Mais le projet a évolué au profit d’un équipement privé, porté par la compagnie de Jésus, connue à Marseille pour la prestigieuse école de Provence. Baptisé Loyola, du nom du fondateur de l’ordre jésuite au XVIe siècle, le collège devrait ouvrir à la rentrée 2025.
Et c’est tout. Interrogée ce lundi sur cette absence de projet de collège public dans ce secteur, la présidente du département a nié tout “choix” : “C’est le collège privé qui a fait le choix de venir et c’est une bonne nouvelle, cela veut dire que le quartier attire.” Une présentation assez éloignée de l’historique du dossier.
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