samedi 24 novembre 2018

Article sur "Le Monde" à propos des écoles du 3e


A Marseille, il pleut toujours dans les écoles

Dans le 3e arrondissement, enseignants et parents d’élèves dénoncent « l’abandon » de leurs établissements. Un audit doit être mené par l’Etat.
Par Gilles Rof Publié le 22 novembre 2018 à 14h00 - Mis à jour le 22 novembre 2018 à 14h00

Devant l’école Bugeaud, à Marseille (3e), le 9 octobre.
Devant l’école Bugeaud, à Marseille (3e), le 9 octobre. Valérie Vrel/MAXPPP
« Excusez-moi, mais il pleut encore dans ma classe. » Il est 13 heures ce 20 novembre, et Aurélie Varini fait irruption dans la salle des maîtres de l’école National, dans le 3e arrondissement de Marseille. Cette jeune institutrice, qui partage son CE1 avec une collègue, semble désemparée. En octobre, quatre dalles du faux plafond de leur classe, au troisième étage du bâtiment, sont tombées au nez des enfants, gorgées de pluie. De nouvelles ont été installées mais la toiture, elle, fuit toujours.
« J’ai dépassé le stade de la colère, je suis désabusé. On a un sentiment d’abandon. On banalise des situations indignes que l’on ne devrait pas accepter », souffle Patrice Plagnes, 58 ans, directeur de cet établissement classé en REP +, qui accueille 450 élèves dans un des quartiers les plus pauvres de la ville.
En février 2016, le quotidien Libération avait qualifié les écoles primaires de Marseille de « honte de la République ». Plus de deux ans après la promesse de la municipalité de prendre le sujet à bras-le-corps, la situation reste critique. Et le groupe scolaire National en est un exemple criant. Au quatrième étage de cet ancien bâtiment postal, la tête d’un pigeon mort a percé le faux plafond. Dans chaque pièce, les pièges à cafards débordent de proies. Une gouttière est déboîtée. L’autre crevée. Le tout se déverse dans la cour.
Au rez-de-chaussée, plusieurs portes n’ont plus de poignées extérieures. « Depuis un an », précise une enseignante. La cantine, trop exiguë, propose quatre services. Pour la même raison, les récréations s’étalent en deux sessions. Le plus inquiétant est sûrement cet escalier d’évacuation en colimaçon, terriblement étroit, qui avait déjà fait l’objet d’une alerte en 2014, lors de la visite du comité d’hygiène et de sécurité. « On ne l’utilise pas pour les exercices d’évacuation, ce serait trop dangereux », témoigne une enseignante. A Marseille, le drame de la rue d’Aubagne a pourtant rendu tout le monde très sensible aux questions de bâti et de sécurité.

« D’autres priorités »

Depuis le coup de chaud de 2016, la municipalité marseillaise assure consacrer 40 millions d’euros par an « à la modernisation et à l’extension de son patrimoine scolaire ». « La situation s’améliore », estime Danièle Casanova, inamovible adjointe (LR) à l’éducation de Jean-Claude Gaudin, qui rappelle que sa délégation bénéficie du premier budget municipal, avec 231 millions d’euros.


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