samedi 20 mars 2010

Les Habitants craignent un futur sans eux


(La Marseillaise du 18 Mars 2010 - Extrait)



Avec la tour CMA-CGM, Euroméditerranée se profile à l’horizon. A Saint-Mauront, l’Anru prévoit de désenclaver la butte de la plaine avec un réaménagement des voiries, l’éradication
de l'habitat indigne et l'urbanisation des Friches (Stéphane CLAD)


Saint-Mauront.

Enclavé, ce quartier cumule pauvreté, insalubrité, chômage. Un territoire qui devrait changer de visage grâce aux projets structurants de l’Anru et des « Docks libres ».

« Avant, les gens voyaient la tour CMA-CGM très loin. Maintenant, elle paraît très proche », montre un habitant du parc Bellevue. Euroméditerranée se rapproche et, avec la tour, la transformation urbaine de la ville. Elle va passer par Saint-Mauront. Une nécessité reconnue par tous mais qui effraie les gens du quartier. Les habitants de la cité s’inquiètent : « On est encore là jusqu’à quand ? Ce n’est pas possible qu’ils construisent tout ça pour nous. »
Saint-Mauront, un quartier de Marseille au nord du centre-ville, au sud des quartiers Nord.

Un territoire verrouillé : le boulevard de Plombières d’un côté, la voie ferrée de l’autre, et l’autoroute A7 qui tranche au milieu. Une balafre indélébile. Les faubourgs dégradés témoignent encore du déclin portuaire. La promesse du large est devenue enfermement. Ruelles en cul-de-sac, traverses et boulevards, tout isole les habitants de la butte des habitants de la plaine car à Saint-Mauront, il y a ceux d’en haut et ceux d’en bas et on ne se mélange pas. Ces problèmes de voies creusent un fossé culturel et social. Les anciens et les primo-arrivants, les retraités et les sans-emploi. Il y a les jeunes surtout, près de 3 000. Désœuvrés, les structures sociales et sportives les encadrent du mieux qu’elles peuvent avec ce qu’elles ont, c’est-à-dire pas grand chose : un centre social délabré, une crèche, une école publique, un terrain de foot. Quant à la piscine, elle vient de fermer. « Ça, ça a été un drame pour les enfants de l’école et les jeunes du centre aéré », s’émeut Vera Tur, directrice de l’école du parc Bellevue. La disparition de la piscine Charpentier a mis tout le monde en émoi.

Comme si ça ne suffisait pas : « On est sans équipements. On manque de lieux, de structures, et surtout de personnels », énumère le père Vincent, directeur de l’œuvre Jeunesse Paul-Hava. Et Sofiane Majeri, président bénévole du centre social Saint-Mauront – Bellevue, d’ajouter : « Il n’y a rien pour le bien-être de la population. »

Un quartier enclavé où personne ne vient, ni ne s’arrête. Ou presque… « Le Toursky est une bulle et on a tous les bobos du 8e qui ne font que passer », ironise Claude Tabet, présidente du CIQ Saint-Mauront. On traverse le quartier, et même très vite.

« On a l’impression que c’est un no man’s land mais ce n’est pas le cas », rassure Vera Tur qui travaille depuis 26 ans dans ce quartier mis au ban par les politiques et aujourd’hui convoité par les promoteurs."
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1 commentaire:

  1. voilà un article qui va donner envie aux "bobos du 8ème" de venir !

    c'est bien connu, les pauvres (d'esprit) ont peur de tout, ils ne font rien pour s'en sortir, ils ne savent que se lamenter sur leur sort.

    Albert Cossery raconte cela très bien dans ses livres.
    Allez, bon courage !

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